Les écoles de la pensée économique
Aristote et Platon,
dans la Grèce antique, rédigèrent des traités qui incluaient des considérations
sur la richesse, la propriété et le commerce. On doit aux Grecs la première réflexion sur les choses économiques, de même que le mot lui-même qui, à l’époque,
désigne une économie domestique au service de la cité. Au moyen Âge, la
théorie économique fut dominée par les prescriptions émanant
de l’Église catholique, qui, par le biais du droit canon, condamnait l’usure
(intérêt pris sur une somme d’argent prêtée) et considérait que le commerce
était une activité inférieure, dans une échelle de valeurs où l’agriculture
occupait le sommet. Cette conception de l’économie, dont le caractère
restrictif peut surprendre aujourd’hui, est en accord avec les conditions de
son temps : la société féodale est alors dominée par l’Église qui bénéficie du
statut du plus important propriétaire foncier à une époque où l’agriculture
constitue la principale activité productive de
l’Homme.
L’économie en tant que science moderne est née avec le
traité intitulé Recherche sur la nature et les causes de la richesse des
nations 1776, du philosophe et économiste écossais Adam Smith,
dont la réflexion avait été annoncée par le mercantilisme et les idées des
physiocrates.
Section n°1 : L’apport des mercantilistes.
De l’italien « mercante » qui signifie « marchand »,
les mercantilistes se demandaient comment augmenter la richesse de l’État. Ils
ont défini des concepts permettant d’expliquer la richesse des nations. Selon
eux, les objectifs visés sont simples : richesse et puissance et pour ce faire,
on compte trois facteurs de croissance :
abondance en hommes, abondance en argent et intervention étatique.
ü Abondance en hommes car il
faut une M.O.D importante. ;
ü Abondance en argent, signe
de richesse et de puissance d’une nation ;
ü Intervention de l'Etat notamment en matière de commerce extérieur.
Cette croissance devait
reposer sur le commerce local et international ainsi que sur une
course vers l’industrialisation. L’État joue donc un rôle majeur dans la course
à la richesse : c’est à lui que revient le devoir de stimuler l’activité
économique et l’emploi. Il doit aider et protéger les entreprises et être
centralisé pour pouvoir imposer sa politique et contrôler les échanges
commerciaux. On peut distinguer divers types de mercantilismes :
Le bullionisme, représenté en Espagne et en Italie
(notamment par Giovanni Botero), postulant que la seule richesse de l’État et
des agents économiques réside dans l’or, prohibait
absolument toute sortie de métal précieux et préconisait de payer toute
importation en marchandises et non en monnaie. Les courants les plus
représentatifs du mercantilisme, ceux
qui connurent l’application la plus complète et la plus durable, se rencontrèrent en Angleterre
et en France. Le commercialisme, préconisé en Angleterre par des économistes comme Josiah Child,
William Petty et Gregory King, mettait l’accent sur le développement du
commerce : l’accroissement de la richesse passait par un excédent des
exportations, acquittées en monnaie, sur les importations, dont le paiement
devait favoriser l’achat de produits anglais. L’État avait en outre pour
mission d’assurer l’approvisionnement de l’économie en moyens de paiement
afin de permettre
la baisse des taux d’intérêt
et de favoriser ainsi l’investissement.
L’autre courant principal du mercantilisme est né en
France, à partir des travaux de Jean Bodin, et fût marqué par les apports
d’Antoine de Montchrestien, auteur du Traité d’économie politique (1615) et de
Barthélemy de Laffemas. Insistant moins sur le développement du commerce que
sur l’accroissement et la qualité de l’offre, ce courant prônait la transformation directe
des matières premières
dans le cadre exclusif de la nation,
la protection des manufactures et des industries nationales par des
droits de douane, le développement des importations de matières premières et
des exportations de produits manufacturés. Ce type de mercantilisme peut être
qualifié d’industrialiste.
Tous partagent l’analyse selon laquelle la richesse
nationale, qui fonde la puissance d’un pays, réside dans sa capacité à attirer
sur son territoire les métaux précieux. L’objectif principal de la politique
économique devient alors de produire plus dans le cadre national pour conquérir
de nouveaux marchés à l’extérieur, de manière à accumuler des excédents et
parvenir ainsi à un solde positif de la balance commerciale.
Le mercantilisme fut appliqué dans la plupart des pays
européens entre le XVIème et le
XVIIIème siècle. Coïncidant avec l’apparition des états-nations et les premières
manifestations
du capitalisme moderne,
il favorisa les premières descriptions portant sur le rôle de la monnaie et de la production, ainsi que les
premières analyses du circuit économique. Il constitua ainsi une étape majeure
dans l’élaboration de la science économique
moderne.
Section n°2 :
L’apport des physiocrates.
La physiocratie c’est-à-dire gouvernement par la
nature est une école de pensée économique et
politique née en France vers 1750 , qui a connu son
apogée au cours de la seconde moitié du XVIIIème siècle,
et qui est à l'origine de la conception moderne de l'économie.
En opposition aux idées mercantilistes, les
physiocrates considèrent que la richesse d'un pays consiste en la richesse de
tous ses habitants et non seulement celle de l'État. Cette richesse est
formée de tous les biens qui satisfont un besoin et non de métaux précieux
qu'il faudrait thésauriser. La richesse doit être produite par le travail.
Pour les physiocrates, la seule activité réellement
productive est l'agriculture.
La terre multiplie les biens : une graine semée produit plusieurs graines. Au
final, la terre laisse un produit net ou
un surplus. L'industrie et le commerce sont considérés
comme des activités stériles car elles se contentent de transformer les
matières premières produites par l'agriculture.
Exemple : l'existence des profits industriels n'empêche pas que l'industrie soit stérile. Car cette
richesse ne reflète pas une création de valeur. Elle est le fruit de
circonstances contingentes, la rémunération d’un goût pour le risque. De même,
les physiocrates estiment que la richesse
des uns masque les pertes des autres.
La
physiocratie distingue trois classes d'agents
économiques :
1. La classe des paysans, qui
est la seule productive (producteurs terriens)
;
2.
La deuxième classe est appelée stérile, elle est
composée des marchands et des "industriels" ;
3. La troisième classe est
celle des propriétaires.
Le courant physiocrate naît dans une période de déclin
de l’agriculture alors que 80% du revenu national dépend de ce secteur. Les
physiocrates considéraient que ce déclin était,
en grande partie, issu du fort interventionnisme de l’État dans
l’agriculture qui mettait en place, par exemple, des permis d’exploitation, des
droits de douane internes, des quotas de production, ou qui limitait ou
interdisait certains types de cultures selon la région. Les physiocrates réclamaient donc la liberté
de commerce et d’exploitation des produits agricoles. Plus généralement, ils
affirment que la meilleure façon de maximiser la richesse de tous est de
laisser chacun agir à sa guise selon ses moyens et mettent ainsi au premier
plan la liberté du commerce comme principe de politique économique.
Selon les physiocrates, il existe un ordre naturel
gouverné par des lois. Le rôle des économistes est de comprendre et de révéler
les lois de la nature telles qu'elles opèrent dans la société et dans l'économie. C'est de montrer
comment ces lois opèrent dans la formation et dans la distribution des richesses. Pour les physiocrates il y a des lois économiques, de même
qu'il y a des lois physiques ou physiologiques.
Les physiocrates ont fortement influencé la pensée
économique par le développement de trois idées principales
1.
La notion de loi en économie : Pour les physiocrates,
les lois de l’économie existent et sont immuables. Mais ce ne sont pas les lois
du marché telles que nous les connaissons aujourd’hui. Ce sont des lois
naturelles et irrévocables ;
2.
Le calcul économique rationnel : L’ordre naturel
des physiocrates est providentiel. Il se
fonde sur l'harmonie des intérêts privés
et publics. La science économique peut en appréhender quantitativement les éléments : « La science économique s’exerçant sur des
objets mesurables est susceptible d’être une science exacte et d’être soumise
au calcul ». Quesnay peut être
considéré comme l'un des précurseurs du calcul économique rationnel qui
déboucha par la suite sur la notion de maximisation sous contrainte (il est
dans la nature humaine de maximiser son intérêt personnel) ;
3.
La valeur-travail : Quesnay mesure la valeur des
productions à partir de la quantité de travail nécessaire pour les produire.
Ainsi la théorie de la valeur-travail est mise au service de l'agriculture et
de la propriété foncière.
Section n°3 :
L’école classique.
L’école classique en économie regroupe des économistes du XVIIIe siècle et du XIXe siècle. Ses membres les
plus importants sont : :Adam Smith
(1723-1790), David Ricardo (1772-1823), Thomas Malthus (1766-1834), John Stuart Mill (1806-1873), Jean- Baptiste Say (1767-1832) et Frédéric
Bastiat (1801-1850). Le terme a été
employé pour la première fois par Marx dans le
Capital.
La pensée économique classique se développe en même
temps que naissent la société industrielle et le capitalisme moderne. Ces
penseurs sont principalement des philosophes ou des praticiens. Ils cherchent
avant tout à expliquer les phénomènes de croissance,
de développement
et de répartition des
richesses entre les différentes classes sociales.
Les économistes classiques voient tous les phénomènes
économiques comme interdépendants et veulent proposer une théorie générale
intégrant tous les phénomènes économiques. À la suite des Physiocrates, ils croient à l'existence de lois valables
à toutes les époques et dans toutes les régions du monde et cherchent à les
identifier. Nous présenterons dans cette section l’apport de Smith, Ricardo,
Malthus et J. B. Says.
1.
L’apport d’A. Smith.
Avec « Recherches sur la nature et les causes de la
richesse des nations » (1776), A. Smith est le premier représentant du
libéralisme économique. Mais il est avant tout un philosophe, et il publie au
préalable la théorie des sentiments moraux (1759). Dans cette œuvre, il montre que la sympathie pour autrui et le jugement
des autres exercent
une influence essentielle sur
les actes humains.
Question
centrale chez A. Smith est celle de l’origine de la croissance économique :
- La division du travail est
l’élément essentiel donc il faut une économie de marché ;
-
La main invisible du marché assure la meilleure
allocation possible des ressources disponibles
;
- Théorie des avantages
absolus.
1.1. La nature de la richesse chez A. Smith
Le point de départ de Smith est constitué par une
opposition aux mercantilistes. La richesse n’est plus l’or et l’argent. Ce sont les biens réels,
d’où le terme de richesse
réel. Étant donné que la richesse
est l’ensemble des choses nécessaires à la vie, un pays riche est un pays
où les individus ont un niveau de vie élevé. A ce niveau deux questions
deviennent importantes :
- Comment est produite la
richesse ?
- Comment augmenter la
production de la richesse ?
A la première question A. Smith donne la réponse
suivante : « Le travail produit les choses nécessaires à la vie », donc la richesse
est produite par le travail.
Pour A. Smith l’achat
d’un bien correspond au fait de commander le travail de celui qui a produit le
bien. Cette notion de commandement de travail d’autrui nous donne une relation
de pouvoir entre celui qui commande le travail et celui qui exécute le travail.
Être riche dans ce cas c’est avoir le pouvoir de commander le travail des
autres. Ici la relation d’échange est interprétée comme une relation de
pouvoir. On passe de la définition de la richesse comme des objets à une
conception de la richesse comme un rapport entre les individus.
A la seconde
question qui concerne l’organisation de la richesse, A. Smith répond :
« on augmente le produit de la richesse, en augmentant la productivité du
travail. Le moyen pour augmenter la productivité de travail c’est la division
de travail »
La division de travail provient de l’existence de
l’échange : l’individu est naturellement un échangiste et l’existence de l’échange est expliquée par le fait que l’individu parle (la parole est un échange
d’idées). Donc l’échange est un acte naturel. Le développement de l’échange
aboutit à la spécialisation dans certaines productions ce qui est à l’origine
de la division de travail. Ainsi la division de travail est limitée par le
volume de l’échange et donc par la dimension du marché. Plus les hommes sont
nombreux, plus ils peuvent se diviser les tâches. Si le marché n’est pas assez
grand, le surplus de production permis par une division du travail toujours
accrue ne trouvera pas d’acheteurs. Le principe qui donne lieu à la division
du travail est l'intérêt réciproque ; "donnez-moi ce dont j'ai besoin
et vous aurez de moi ce dont vous avez besoin vous-mêmes". Ce n'est pas de la bienveillance
du boucher et du boulanger, que nous attendons
notre dîner mais bien du soin qu'ils
apportent à leurs intérêts. Nous ne nous adressons pas à leur humanité,
mais à leur égoïsme.
Ainsi chaque individu subsiste par l’échange et
devient un marchand et la société elle-même une société marchande. Donc étudier
le marché c’est étudier la société.
La division technique du travail permet
un accroissement de la productivité du travail.
Il y a, selon A. Smith, deux
raisons principales à cela :
- En
développant l'habileté du travailleur : en se spécialisant sur une seule tâche
qui devient ainsi plus simple à réaliser, l’ouvrier améliore sensiblement son habileté dans le travail en permettant un gain de
temps.
- La
spécialisation conduit à une suppression des temps morts. Ces derniers
apparaissent dès lors qu’un ouvrier passe d’une tâche à une autre (changement
d’outils, d’atelier, etc.). Ils sont mécaniquement supprimés avec la spécialisation.
Grâce aux grandes séries qu'elle permet, la
production de masse est le facteur décisif
de réduction des coûts dans la production industrielle, parce qu'elle diminue
le temps de travail nécessaire par unité produite.
1.2.
La main invisible et
le libéralisme chez A. Smith.
Cette approche est celle du libéralisme
classique. La main invisible serait une métaphore par laquelle Smith signifierait que les marchés
sont autorégulateurs et conduiraient
à l'harmonie sociale. Selon cette interprétation, Smith demanderait dans « la
Richesse des nations » sur la manière d’harmoniser les intérêts égoïstes des individus.
Dans la recherche de l'intérêt personnel, l'individu
cherche à augmenter le revenu national, il est "conduit par une main
invisible à remplir une fin qui ne rentre nullement dans ses intentions. L’égoïsme d’un individu
seul est nuisible, mais la confrontation des égoïsmes mène à l’intérêt général.
Si un producteur tente d’abuser
de sa position et fait monter les prix,
des dizaines de concurrents tout aussi avides de profit en profiteront pour conquérir le marché
en vendant moins cher. La main invisible oriente donc le travail vers l’usage
le plus utile à la société car c’est aussi celui qui est le plus rentable. Elle règle avec justesse aussi
bien les prix, que les revenus et les quantités produites.
A. Smith avancerait donc l’idée d’un marché
autorégulateur. Il s’agit ici de refuser toute intervention dans le
fonctionnement de la société. Ce dernier est produit et réglé par le marché.
L’État doit respecter la liberté naturelle des citoyens et doit être
uniquement un État gendarme : défense des droits de propriété, défense publique
et production des biens collectifs.
1.3.
La théorie des
échanges absolus.
La thèse d’A. Smith sur le commerce internationale le fonde sur une évidence
a priori : il est prudent « de ne jamais essayer de
faire chez soi la chose qui coûtera moins à acheter qu’à faire ». Ainsi,
l'analyse des relations économiques internationales répond à la même
problématique que celle
développée dans un cadre national
: comment satisfaire un maximum de
besoins avec des ressources limitées ? Il se fonde donc sur les mêmes principes
(liberté individuelle, recherche du profit, concurrence) pour inciter les États
à se spécialiser sur les productions sur lesquelles ils bénéficient d'un
avantage absolu.
Du fait notamment de dotations initiales en ressources naturelles favorables, ou d'une avance technologique, les pays
disposent d'un certain nombre de secteurs d'activité pour lesquels ils
bénéficient d'un avantage absolu, c'est-à-dire pour lesquels les entreprises
nationales produisent à un coût de production inférieur à celui d'une entreprise
étrangère. En conséquence, chaque nation doit chercher à se spécialiser dans
les secteurs d'activité pour lesquels elle dispose
de cet avantage absolu. De ce fait,
si cette spécialisation se met en place
entre les différentes nations participant aux échanges internationaux, il se
crée ainsi une division internationale du travail fondée sur les avantages
comparatifs dont dispose chaque nation à un moment donné.
Cette division internationale, non seulement favorise
une allocation optimale des ressources au niveau mondial, mais en plus est
favorable pour l'ensemble des nations participant aux échanges.
2. L’apport de D. Ricardo.
2.1.
Théorie de la
valeur.
Au départ de la théorie ricardienne de la valeur se
trouve Smith et son opposition entre valeur d’usage
et valeur d’échange. La valeur d’usage
d’une marchandise, c’est l’utilité
que la marchandise nous procure.
La valeur d’échange
c’est la valeur
contre laquelle elle peut
s’échanger, c’est-à-dire son pouvoir d’acheter d’autres biens. Smith, que
Ricardo suit entièrement sur ce point, refuse d’envisager l’utilité
comme la source de la valeur. C’est ce
qu’il montre dans son célèbre
paradoxe du verre d’eau et du diamant.
Le diamant a beaucoup
moins de valeur d’usage que le verre
d’eau, pourtant on peut acheter
beaucoup plus des choses
avec un diamant qu’avec un verre d’eau. Autrement dit, valeur d’usage et valeur
d’échange sont déconnectées, et seule compte la valeur d’échange.
Ricardo introduit une première distinction importante
entre biens reproductibles et biens non reproductibles : « possédant de
l’utilité, les marchandises tirent leur valeur d’échange de deux sources : de
leur rareté, et de la quantité de travail nécessaire à leur production. ». Les
biens non reproductibles (œuvre d’art, etc.) voient effectivement leur valeur déterminée par leur rareté.
Une fois délimité
le champ d’application de sa théorie
de la valeur aux seules
marchandises reproductibles, Ricardo pose les bases de la valeur en se fondant sur le travail
: « la valeur d’une marchandise, ou la quantité
de n’importe quelle
autre marchandise contre laquelle elle s’échange, dépend de la quantité
relative de travail qui est nécessaire à sa production, et non de la plus ou moins
grande compensation qui est payée pour
ce travail ».
Ricardo aborde ensuite deux problèmes cruciaux. Tout
d’abord l’hétérogénéité du travail Les travaux ne sont pas les mêmes, comment
donc déterminer la valeur d’échange de deux marchandises qui nécessitent des
types de travaux distincts pour leur production ? Ricardo ne répond pas
directement à cette objection, mais indique que l’argument n’invalide pas sa
théorie car la réalité montre que deux biens semblables réalisés à partir de
travaux hétérogènes n’ont pas la même valeur. Deuxième problème : les
marchandises ne sont pas faites qu’avec du travail, mais aussi avec des
machines. Comment estimer alors la valeur d’une marchandise ? La réponse de
Ricardo tombe sous le sens : une machine est faite de travail, c’est du travail
indirect. La valeur d’une marchandise est donc la somme du travail direct et
indirect nécessaire à sa production.
2.2.
Théorie de la
répartition.
Au centre de l’œuvre de Ricardo se place sa théorie
de la répartition de la richesse entre les classes sociales. Ricardo distingue
trois types de revenus :
2.2.1.
La rente.
La rente c’est
ce qu’on paie aux propriétaires terriens pour exploiter
la terre. Au fur et mesure que la fertilité augmente, la
rente augmente.
2.2.2. Les salaires.
Le prix naturel c’est le salaire de subsistance,
c’est-à-dire assez pour que l’ouvrier puisse
vivre et entretenir sa descendance. Donc le salaire
dépend du prix des biens nécessaires
à l’ouvrier et à sa famille. Ce salaire peut être différent selon les périodes,
c’est un minimum sociologique.
Le prix courant c’est le salaire qui se fixe en
fonction du jeu de l’offre et de la demande
sur le marché du travail.
Il tend à se rapprocher du prix naturel
même si la croissance
peut être favorable aux salariés car dans ces périodes, le salaire se fixe à un
prix courant supplémentaire au prix naturel.
2.2.3. Les profits.
Ricardo part du principe que chaque entrepreneur
essaie de placer son capital de la manière la plus avantageuse. Pour Ricardo,
plus les salaires sont élevés, plus les profits sont bas. Or, les salaires
dépendent du prix des biens en particulier du prix du blé, donc dépendent
de la rente. Donc indirectement, plus la rente est élevée, plus le profit est bas
Ricardo estime que le capitalisme est voué à la
convergence vers un état stationnaire, c’est-à-dire que les raisons d’accumuler
le capital s’épuisent, donc que le taux de profit diminue. Pour expliquer ce
phénomène, Ricardo part des salaires. Car rien ne peut affecter les profits si
ce n’est les salaires. Au cours du processus de croissance, la population a
tendance à augmenter. Cet accroissement de la population se traduit à son tour
par un accroissement de la demande de biens de subsistances ce qui conduit à la
hausse du prix des subsistances. Cette hausse du prix des biens de subsistance
se répercute à son tour par une hausse du salaire
naturel. Et cette hausse du salaire naturel
conduit à la baisse des profits étant donné que le profit n’est qu’un
solde entre prix naturel des marchandises produites et salaire naturel.
La hausse du prix des biens agricoles et la mise en
culture de terres moins fertiles ont en outre pour effet d’accroître les rentes foncières. Donc, tandis que les profits
baissent et que le
salaire naturel n’augmente que proportionnellement à la hausse
du prix des subsistances les propriétaires fonciers apparaissent
paradoxalement comme les grands gagnants du processus d’accumulation du capital.
L’analyse de Ricardo a été mise en défaut par l’évolution réelle des
économies européennes à travers la révolution industrielle et la dynamique du
progrès technique.
2.3.
La théorie des avantages relatifs.
David Ricardo applique l'approche d'Adam Smith à une
situation où un pays dispose d'un avantage absolu dans tous les domaines de
production. Selon A. Smith, cette situation conduirait à ce que le pays le plus compétitif produise
l’ensemble des biens de production. Or la réalité est différente. D. Ricardo en cherche donc les
raisons et tend par la même à démontrer que les États ont toujours intérêt à
échanger, même si l'un est plus compétitif que l'autre dans tous les domaines.
Au concept d'avantage absolu, Ricardo propose le
concept d'avantage relatif en disant qu'un pays dispose d'un avantage
comparatif relatif par rapport à un autre pays dans la production ou son coût de production est le moins
éloigné de celui du pays le plus compétitif,
c’est-à-dire dans la production ou l'écart de coût entre les deux pays est le
plus faible.
Chaque pays va donc devoir se spécialiser et échanger
même si un pays est moins productif que l'autre dans toutes les productions. En
effet, cette spécialisation permettra globalement d'économiser des facteurs de
production. La division internationale du travail reste donc souhaitable mais
diffère de celle qui découlerait de l'analyse fondée sur la théorie des
avantages absolus.
3. L’apport de J-B Say.
3.1.
Richesse et
production chez J. B. Say.
La richesse est définie par Say comme l’ensemble des
biens « qui ont une valeur qui leur est propre, et qui sont devenus la
propriété exclusive de leurs possesseurs ». En d’autres termes, les richesses
sont les choses que nous possédons et qui ont une valeur. La référence au
principe de propriété permet à Say de distinguer deux sortes de richesses : les
richesses naturelles que la nature nous donne gratuitement comme l’air que nous
respirons et les
richesses sociales que nous acquérons par des services productifs, par
des travaux. Les premières ne peuvent
pas entrer dans la sphère de l’économie politique car qu’elles
ne peuvent être ni produites,
ni distribuées, ni consommées » Ainsi, le motif qui fait que des choses sont
demandées, est leur utilité.
L’utilité d’un bien est cependant liée à la production
: produire, c’est en effet donner de la valeur aux choses en leur donnant de
l’utilité. J-B Say distingue trois manières de produire : par l’industrie
agricole, par l’industrie manufacturière et par l’industrie commerciale. On
parle alors de production lorsque la valeur que peut espérer l’entrepreneur,
est suffisante pour rembourser tous les frais de sa production.
3.2. Echange et demande chez
Say.
Pour Say, la valeur de chaque chose est le résultat de
l’évaluation contradictoire faite entre celui qui en a besoin, ou qui la
demande, et celui qui la produit, ou qui l’offre. Plus précisément, Say considère que la demande
est fonction des besoins. Le besoin est relatif aux goûts particuliers des consommateurs. Or,
selon Say, ces derniers ne peuvent acquérir les produits dont ils ont envie
qu’en offrant d’autres produits de leur propre création. Cette contrainte
implique que les consommateurs sont obligés de faire une sorte de classement de
leurs besoins pour satisfaire ceux auxquels ils attachent plus d’importance,
préférablement à ceux auxquels ils en attachent moins. Ce classement détermine
les quantités effectivement demandées de chaque produit dans un lieu et dans un
moment précis.
De la même manière, l’offre correspond à la quantité
de marchandises en circulation c’est-à-dire la quantité d’une marchandise que
ses possesseurs actuels sont disposés à céder en échange d’une autre.
Comme cette quantité
est fonction des frais engagés
pour la produire, on pourrait en déduire que ce sont les frais
de production qui détermine la valeur courante
des marchandises.
Il en résulte que la valeur courante d’une marchandise
ne saurait être différente de la valeur des services productifs qui ont permis
de l’obtenir. Donc, il y a un ajustement entre l’offre et la demande.
On retrouve ainsi l’image de la monnaie
voile qui conduit
à l’expression traditionnelle
de la loi des débouchée selon laquelle, une fois les échanges terminés, il se
trouve toujours qu’on a payé des produits avec des produits. C’est-à-dire que
la gestion de quantité de monnaie en circulation dans l’économie d’un pays n’a aucun impact sur le niveau
La loi des débouchés est essentielle pour les
économistes libéraux et peut se résumer ainsi : toute offre crée
sa propre demande.
En pratique une entreprise qui
met un bien sur le marché donne l’équivalent de sa valeur à ses salariés et à
ses propriétaires. Cette loi traduit l’idée que la production donne lieu à une
création de revenu d’égale valeur qui permet d’acheter cette production.
4.
Malthus et les rapports entre la population et la production.
Thomas Robert Malthus est un pasteur et un économiste
britannique de l'école classique. Il est connu surtout
pour ses travaux
sur le problème des rapports
entre la population et la production. Malthus a
établi une théorie qui démontre que la croissance démographique affecte la
croissance économique.
La théorie de
Malthus repose sur trois propositions :
- La loi de la population : elle pose
que lorsque la population n’est pas arrêtée par aucun obstacle, elle double tous les 25 ans et croit selon une progression géométrique. Si les hommes
suivent leurs instincts naturels, ils vont donner naissance à un nombre
croissant d’enfants, sans tenir compte de leur capacité à les nourrir.
- La loi de la production : Selon
Malthus les moyens de subsistance augmentent selon une progression arithmétique. Ce pessimisme de Malthus est
propre à la plupart des auteurs classiques qui postulent l’existence de loi des
rendements décroissants (pouvant même déboucher selon Ricardo sur un état stationnaire). Malthus
considère donc qu’on
se situe dans le cadre d’une croissance dans
laquelle le progrès technique est limité, voire inexistant (cette hypothèse est
fondamentale pour comprendre Malthus).
Résultat : de ces deux effets
Malthus estime que plus la population augmente plus l’écart entre la production
agricole (offre de produit) et les besoins de la population en produits de
subsistance (la demande
de produits) s’accroit. La ration alimentaire va donc diminuer, ce qui débouche
obligatoirement sur des situations de famine. Celle-ci exerce une régulation
naturelle de la population en adoptant le nombre d’individus à nourrir aux
capacités de production, en éliminant le surplus de population.
Section n°4 :
Les néoclassiques.
Walras, Jevons
et Mengel, à partir de 1870, ont fondé l'école marginaliste. Le point de départ
des marginalistes consiste
à analyser la fonction d'utilité. Les marginalistes pensent que la valeur des choses ne
dépend pas réellement de leur coût de production mais de leur utilité. Les
marginalistes distinguent l'utilité totale de l'utilité marginale.
1.
Le cadre général
du modèle néoclassique : la richesse
sociale et sa théorisation.
Dans son livre « Elément d’économie politique pure »,
Walras affirme « j’appelle richesse sociale, l’ensemble des choses matérielles
ou immatérielles qui sont rares, c’est-à- dire qui d’une part nous sont utiles,
et qui d’autre part n’existent à notre disposition qu’en quantités limitées
». La richesse est alors définie par la rareté.
Cette dernière est composée de deux éléments : l’utilité et la
limitation de la quantité. A partir de ces données les néoclassiques vont
construire une structure économique de la société qui comprend trois facteurs :
- L’appropriation (propriété) : L’appropriation ne porte pas sur les objets inutiles
et dont la quantité
n’est pas limitée.
L’appropriation vise avant tout la satisfaction des besoins
individuels. Ceci nous renvoie au deuxième facteur ;
- L’échange :
en s’appropriant les choses utiles et limitées en quantité, les individus
disposent de quelque chose dont certains autres
sont dépourvus. C’est
pour cette raison que lorsqu’elles ne sont pas
destinées à la consommation, ces choses peuvent servir à se procurer d’autres
choses utiles et rares et cela par l’échange. Ainsi, l’échange découle de
l’appropriation qui découle elle-même de la rareté. C’est donc un phénomène
naturel. Il s’agit ici de la valeur d’échange ou du prix. Ce dernier est considéré
comme une caractéristique spéciale du produit rare. D’ailleurs Walras le dit
clairement lorsqu’il définit la richesse sociale : « l’ensemble de toutes les
choses matérielles ou immatérielles qui sont susceptibles d’avoir un prix parce
qu’elles sont rares et en quantités limitées
»
- La
production : Si la richesse sociale est définie à partir des concepts d’utilité
et de limitation de la quantité, il est évident que la production vise à
augmenter la richesse sociale et aura comme objectif la multiplication des
biens rares. C’est ce que Walras appelle industrie.
L’étude de la société pour les néoclassiques devient
alors l’étude des mécanismes de
marché. A ce propos voilà ce que Walras affirme « le monde peut être considéré
comme un vaste marché composé de divers marchés spéciaux où la richesse sociale
se vend ou s’achète et il s’agit pour nous de reconnaitre ses lois suivant
lesquelles ces ventes et achats tendent d’eux-mêmes à se faire ». Pour Walras c’est
l’offre et la demande sur le marché
qui détermine l’ensemble des
grandeurs économiques.
2.
Le modèle
néoclassique : sa logique et ses hypothèses.
La théorie néoclassique cherche l’explication des
phénomènes économiques au niveau des comportements individuels guidés par le principe
de rationalité. On dit encore
que c’est une analyse en termes de marché ou en termes de prix.
1)
Les individus réagissent aux informations que donne le marché sur le prix. Le marché est le lieu de rencontre entre
l’offre et la demande qui réagissent en fonction du prix. On présente
généralement deux fonctions de type :
O = f(p) et D
= f (p)
L’équilibre
général est la formation d’un prix d’équilibre sur chacun des marchés
existants. La théorie néoclassique identifie
4 marchés : marchés des biens et services, marché du travail, marché des titres,
marché de la monnaie.
Les agents économiques sont à la fois demandeur et
offreur sur l’ensemble des marchés (ainsi les ménages demandent des produits sur le marché
des biens, offrent
leur force de travail sur le
marché du travail, demandent des actifs financiers sur le marché des titres,
demandent de la monnaie). La théorie néoclassique insiste sur l’interdépendance
des 4 marchés, en précisant (grâce aux égalités comptables emplois/ ressources
des agents) que l’équilibre sur les marchés du travail, de la monnaie et des
titres, permet de conclure que le marché des biens et services est également en équilibre.
2)
La théorie néoclassique est normative dans la mesure
où les équilibres ne sont pas ce
qui est, mais ce qui doit être. Il faut donc modifier le réel dans le sens des
hypothèses du modèle. Le modèle couramment utilisé est le modèle de concurrence
pure et parfaite. Sur le marché, le prix est unique compte tenu de la
rationalité des comportements sous les hypothèses :
- De fluidité du marché
(circulation de l’information) ;
- De transparence du marché
(l’information est disponible à tous) ;
- D’atomicité de l’offre et la
demande (aucun agent ne peut agir sur le marché) ;
- D’homogénéité des produits
(produit standard) ;
- D’absence de barrières à l’entrée.
En concurrence pure et parfaire, le prix devient une
donnée pour les agents économiques considérés individuellement. Le prix unique
garantit au producteur que toute la
production qu’elle offre, trouvera un débouché à ce prix.
3)
Dans la théorie néoclassique, le modèle de l’Homo-economicus
insiste sur le fait que tout comportement relève d’un calcul, d’un choix
explicite ou implicite. Ainsi derrière l’offre et la demande du marché, il y a
des agents économiques calculateurs :
- Les
consommateurs cherchent à maximiser leur utilité, compte tenu de la contrainte
de leurs revenus. En fait, les consommateurs sont placés perpétuellement devant
des choix à effectuer entre plusieurs biens (ici les biens X et Y). Compte tenu
de la contrainte de revenu, si le consommateur décide d’acheter plus de biens
X, il devra renoncer à une certaine quantité
de bien Y. La variation
du prix des biens X et Y (que
l’on qualifie d’effet de substitution) ou la variation du revenu (effet revenu)
desserre ou resserre la contrainte qui pèse sur le consommateur.
En utilisant le calcul à la marge, les néoclassiques ont montré que l’utilité marginale, qui représente la valeur à
laquelle le consommateur estime le bien, est décroissante en fonction des
quantités consommées. Ainsi l’utilité totale croît, mais l’accroissement de la dernière
unité (utilité marginale) est de plus en plus faible pour les biens qui existent en quantité
illimitée (principe de satiété du consommateur).
- Les
producteurs cherchent à maximiser leurs profits compte tenu de la contrainte de
leur fonction de production. Cette fonction de production est dite à facteurs
substituables (c'est-à-dire que le producteur recherche la meilleure
combinaison de travail et de capital).
Le prix du marché résulte de l’égalisation entre le coût marginal et
l’utilité marginale, qui appréhendée du point de vue du producteur, prend le
nom de recette marginale.
La théorie néoclassique se décline en plusieurs écoles
de pensée : les monétaristes (Milton Friedman), les tenants de l’économie de
l’offre (Laffer), la nouvelle école classique (D. Lucas, R. Barro, T. Sergent).
Section n°5 : L’école Marxiste.
Marx fut à la fois philosophe, historien, sociologue
et économiste. Son analyse repose sur une théorie de l’histoire qui fait de la
dynamique de l’économie le fondement de l’évolution des sociétés. Il construit
ainsi un modèle économique pour expliquer ce qu’il appelle mode de production
capitaliste. Celui-ci se caractérise par une exploitation de l’homme par
l’homme. A long terme, ce système est condamné en raison de contradictions
internes et devra laisser la place à autre mode de production, le socialisme.
1.
Les concepts fondamentaux de l’analyse de K. Marx.
1.1. La loi de la valeur des
marchandises.
Marx reprend la valeur-travail de Ricardo selon
laquelle le prix de la marchandise gravite autour de sa valeur. Il ajoute que
celle-ci est égale à la quantité de travail
socialement nécessaire pour produire cette marchandise.
1.2.
Le capitalisme chez Marx.
Pour Marx, le capitalisme est un rapport social dont
les deux pôles sont deux classes aux intérêts antagoniques. Les capitalistes sont les propriétaires des moyens de production et leur objectif est d’accumuler plus de
capital. Les ouvriers ne possèdent que leur force de travail qu’ils sont
obligés de vendre aux capitalistes. La force de travail est ainsi une
marchandise dont le prix est (le salaire) égal à sa valeur. C'est-à-dire la
valeur des marchandises qui sont nécessaires à l’ouvrier pour qu’il puisse
reconstituer sa force de travail. Le capitaliste qui achète cette
force de travail dispose ainsi des fruits générés par ce travail qu’il vend
pour son propre compte sur le marché.
1.3.
Le circuit
économique.
Le capitaliste avance une certaine somme d’argent qu’il
utilise pour acheter le capital constant (machines) et du capital variable
(main-d’œuvre). La production qui en découle donne naissance à une marchandise
qui aura une certaine valeur. Celle-ci se réalisera lorsque la marchandise sera vendue et rapportera au capitaliste une certaine somme d’argent
(bénéfice). Pour Marx, le comportement du capitaliste ne peut se
comprendre que s’il réalise un profit. Il pose alors la question suivante :
D’où provient le profit ? Est-ce du capital constant ou du capital variable ?
1.4.
La plus-value et
l’exploitation de l’homme par l’homme.
Dans le cycle productif, il y a une marchandise qui
crée plus de valeur qu’elle n’en a coûté. Marx considère que ce n’est pas un
capital constant car les machines ne créent que du travail mort ou du travail
cristallisé en machine. Pour lui seul la force de travail a la capacité de créer cette valeur.
Or, le travail est acheté
à sa valeur d’échange mais il est employé par le
capitaliste au-delà du temps nécessaire pour produire l’équivalent de cette
valeur. Le supplément de travail n’est pas rémunéré à l’ouvrier, c’est ce qu’il
appelle le sur travail. La valeur, ainsi fabriquée, est appropriée par la
capitaliste. C’est la plus-value. Lors de la vente sur le marché cette
plus-value sera transformée en profit. Le capitaliste, pour accroitre son
profit, va chercher à augmenter la plus-value (soit en allongeant la durée de
travail : plus- value absolue, soit en augmentant la productivité de travail :
plus-value relative).
2.
Les menaces pesant sur le
capitalisme.
2.1. La baisse du taux de profit.
Dans la vision des marxistes, seul le salaire en tant
que prix de vente de la force de travail est mérité.
L’intérêt et le profit ont un caractère non mérité, car ils sont prélevés sur le
revenu du travail. Ce prélèvement constitue la plus-value. Il est défini comme
la différence entre le travail fourni par le travailleur et le travail payé ou
le salaire qui correspond au minimum vital. A partir de la notion de la
plus-value, on peut calculer deux taux : le taux de la plus-value et le taux de
profit :
- Le
taux de la plus-value :
Le taux de la plus-value =
plus-value / capital variable.
Le capital variable est la partie du capital consacrée
à l’achat de la force de travail c’est-à-dire à la rémunération des salaires.
- Le
taux de profit :
Il correspond au rapport :
plus-value / (capital constant +
capital variable).
Le capital constant est le capital qui correspond aux
biens intermédiaires et à l’équipement. Ce qu’il
faut ajouter c’est
que ce capital s’accroît à un rythme
supérieur à celui du capital variable. Donc la partie
productive du dénominateur incarnée dans la plus-value décroît relativement,
d’où une diminution du taux de profit avec le temps. Dans la théorie marxiste, on parle de la baisse
tendancielle du taux de profit
qui conduit à la catastrophe totale du système capitaliste.
Le mécanisme
peut être illustré de la manière suivante :
Soit :
a)
Une plus-value (p) de 10 et un capital variable
de 100, donc le taux de plus-value est : 10/100 =10% ;
b) Un capital constant
également de 100. Le taux de profit sera de 10/100 +100 = 5% ;
c)
Un accroissement du capital variable et du capital
constant respectivement de 50 et de 100%, le taux (p) reste le même alors que
le taux de profit diminue :
1- taux de
plus-value = 15/150 =10% ;
2- taux de
profit = 15/150+200 = 4.28%.
2.2.
La crise de
suraccumulation de capital.
Le profit devient insuffisant pour rémunérer tout le
capital investit freinant ainsi tous le cycle de capital. L’investissement et
la production baissent entrainant une crise. Le chômage et la surproduction
s’installent.
Ces deux menaces aboutissent à une crise de débouchés
et à l’impossibilité pour le capitalisme d’ajuster l’offre
et la demande. L’accumulation du capital constant
dans le secteur des biens de production engendre indirectement une
production de biens de consommation qui se heurte à la minimisation des coûts
salariaux conduisant ainsi à une sorte de sous consommation ouvrière
(baisse des revenus,
baisse de la consommation qui débouche sur une
crise de surproduction).
Section n°6 :
La pensée keynésienne.
Keynes présente une nouvelle conception de l’économie
dans le but d’aider les gouvernements à prendre des mesures monétaires et
fiscales qui permettent de mieux maîtriser les cycles économiques et d’en
réduire les effets destructeurs.
1.
Quelques points de la théorie keynésienne.
La théorie de Keynes se développe pendant une période
où le capitalisme libéral a atteint une limite et aboutit à une crise majeure,
c'est la grande dépression des années 1930. Les économies nationales se
referment sur elles-mêmes et l'État ne peut qu'intervenir pour essayer
d'enrayer la spirale de récession, de faillites, de chômage massif ; c'est
l'époque des politiques de relances mises en œuvre et financées par l'État.
Une théorie macroéconomique dans un cadre national et
à court terme : L'analyse économique libérale est essentiellement fondée sur
l'étude de comportements d'agents individuels, c'est une approche dite
microéconomique. L’analyse keynésienne concerne des données globales (emploi global,
demande et offre globale, investissement global, etc.) et les relations qui existent entre elles.
Elle concerne un large domaine de l'économie, il s'agit de macroéconomie.
Keynes conçoit l'économie comme un système dans lequel circulent des flux. Il
raisonne dans un cadre national, il s'intéresse aux équilibres entre des flux
de biens, de revenus et de dépenses
à l'intérieur de l'économie nationale. Il raisonne à court terme
parce que : "A long terme nous serons tous morts".
Épargne égale investissement. La crise des années 1930
montre clairement que le problème de l'équilibre est plus complexe que ce qu'en
disent les théories libérales. Keynes approfondit le problème de l'épargne,
elle est une part de revenus qui n'est pas consommée, pour que le système
puisse alors s'équilibrer cette épargne doit être investie, c’est-à-dire
essentiellement prêtée contre intérêt ou cédée contre
des droits de propriété (actions). Si pour les
économistes libéraux l'épargne était naturellement destinée à être investie. Ce
n'est pas le cas pour Keynes. Il existe une part de monnaie épargnée qui n'est
pas investie. Elle est fonction de "la préférence à la liquidité" qui
peut concerner les divers acteurs économiques. Cette préférence est motivée par
diverses raisons qui peuvent concerner aussi bien la spéculation, que
l'inquiétude devant un proche avenir économique incertain. Quoi qu'il en soit,
cette thésaurisation est un facteur de déséquilibre naturel du système.
2.
La politique keynésienne.
Keynes présente une nouvelle conception de l’économie
dans le but d’aider les gouvernements à prendre des mesures monétaires et
fiscales qui permettent de mieux maîtriser les cycles économiques et d’en
réduire les effets destructeurs.
Keynes ne rejette pas l’économie de marché. Il
s’oppose aux économistes néoclassiques en particulier sur le fait que pour lui l’économie de marché laissée
à elle-même ne permet pas
d’assurer automatiquement le plein-emploi.
En effet, la demande effective adressée aux
entreprises peut être insuffisante pour assurer la pleine utilisation de tous
les facteurs de production : il y a contrainte de débouchés pour les entreprises. La production s’ajustant à la demande,
il y a bien équilibre, mais de sous- emploi.
Keynes préconise donc une intervention de l’État pour
réguler la demande globale de produits de façon à l’amener à un niveau
compatible avec le plein-emploi. L’intervention de l’État peut favoriser la
demande de diverses manières, d'abord par des mesures sociales, le revenu joue
chez Keynes un rôle régulateur et un minimum de redistribution sociale permet
d'entretenir une consommation des ménages les plus défavorisés. Sinon en cas de conjoncture difficile on peut favoriser
la relance par de faibles
taux d'intérêt, ou bien par un investissement de l'État financé par du déficit
budgétaire, c'est la politique de "grands travaux". Ces dépenses
entraînent du travail et des revenus qui sont, à court terme, aptes à relancer
l'économie et à permettre un retour vers la croissance et le plein-emploi.
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