Les outils d’analyse de l’économie
La science économique devient de plus en plus complexe. Elle fait donc appel à des méthodes, des outils d’analyse :
- Le circuit économique : il a pour but de schématiser l’activité économique en mettant en évidence les différents flux qui s’établissent entre les différentes catégories d’acteurs de la vie économique ;
- Les agrégats économiques : un agrégat est une grandeur statistique synthétique et macroéconomique mesurant l'activité économique. En comptabilité nationale, le PIB est le principal agrégat, car tous les autres se calculent en cascade à partir de lui.
Section n°1 : Le circuit économique.
Les agents économiques sont tous en relation les uns avec les autres. Par exemple, les ménages ont des relations avec d'autres agents économiques comme les entreprises, les banques, les administrations, eux-mêmes en relations réciproques. Ces échanges sont matérialisés par des flux. Les flux représentent les mouvements de biens et services et les mouvements de monnaie entre les différents agents économiques.
Le circuit économique est une représentation imagée et simplifiée de l'activité économique qui permet de décrire, au moyen des flux, les relations essentielles entre les différents agents. Chaque flux est caractérisé par sa nature et le sens du mouvement, représenté, par convention, au moyen d'une flèche orientée.
1. Les agents économiques :
Tous les individus d’une société participent à la vie économique : ce sont les agents économiques. Tous ces agents prennent des décisions et réalisent des opérations économiques les mettant en relation les uns avec les autres : ils exercent une activité, perçoivent des revenus, dépensent, accumulent du capital, prêtent, empruntent. On regroupe ces agents économiques en tenant compte de leur activité principale pour les classer en cinq principaux secteurs :
- Les entreprises.
Les entreprises sont des acteurs économiques qui produisent des biens ou des services pour les vendre sur un marché afin de réaliser un profit.
Plusieurs traits communs aux entreprises peuvent être dégagés :
ü Une entreprise combine des moyens matériels et humains pour réaliser sa production ;
ü Cette production est destinée à être vendue sur un marché ;
ü L'activité de son entreprise doit dégager le maximum de profit possible.
Les entreprises tirent leurs ressources principales de la vente de leurs produits à d’autres agents économiques.
- Les ménages.
Un ménage est un individu ou un groupe d’individus, vivant habituellement dans un même logement. Le rôle principal des ménages est, dans la vie économique, de consommer des biens et services pour satisfaire leurs besoins, et de façon résiduelle l’épargne. Cependant, les ménages ont une fonction plus large : ils fournissent des facteurs de production aux autres agents : travail et capitaux. Ils tirent l’essentiel de leurs ressources de la rémunération de ces facteurs, notamment le travail sous forme de salaires.
En comptabilité nationale, les entrepreneurs individuels sont classés parmi les ménages. De ce fait, les ménages ont aussi une fonction de production et disposent des ressources provenant de cette production.
- Les administrations.
Les administrations regroupent les organisations qui produisent des services non marchands, c’est-à-dire gratuits ou à un coût inférieur à leur coût de production.
Dans cette catégorie, nous pouvons distinguer :
ü Les administrations publiques : elles comprennent l’État, la sécurité sociale et les collectivités locales (communes, départements, régions). Elles sont financées par des prélèvements obligatoires (cotisations sociales, impôts). Elles restituent les ressources qu’elles perçoivent en rendant de multiples services aux entreprises (subventions, infrastructures, etc.) et aux ménages (services de santé, d’éducation, de défense, etc.).
ü Les administrations privées : leur objectif n’est pas lucratif. Il s’agit des syndicats, des associations privées, partis politiques, etc. Elles perçoivent des cotisations versées par leurs membres ou des subventions accordées par les administrations publiques.
- Les banques.
Les banques ont pour mission principale le financement de l’économie. Elles accordent des crédits aux agents ayant des besoins de financement (création de monnaie). Leurs ressources proviennent des services liés à leur activité d’intermédiaire financier et de services divers : elles gèrent les dépôts des particuliers et des entreprises ; dispensent des conseils financiers, effectuent des opérations de change ; etc.
- Les assurances.
Les assureurs, dont la fonction principale est de garantir un paiement en cas de sinistre (incendie, accident, décès, etc.), ont notamment pour ressources les primes versées par les assurés. Le risque individuel lié à l’activité économique est ainsi supporté par l’ensemble des cotisants.
- Le reste du monde.
Le reste du monde regroupe l’ensemble des agents non-résidents qui effectuent des relations économiques (exportations et importations) avec les agents résidents.
2. Les opérations économiques.
On distingue généralement trois grandes catégories d’opérations :
- Les opérations sur biens et services
- Les opérations de répartition
- Les opérations financières
2.1. Les opérations sur biens et services.
Elle concerne toutes les opérations relatives à la création, à la transformation, à la circulation est à l’utilisation de biens et services :
2.1.1. La production.
- La production marchande : il s’agit de la production que l’on échange sur un marché à un prix au moins égal au coût de revient.
- La production non-marchande : elle correspond aux services fournis par les administrations publiques ou privées gratuitement ou quasi gratuitement. L’évaluation des biens et services marchands se fait généralement au prix départ-usine (prix de revient plus bénéfice)
Les services non marchands sont évalués par l’ensemble des coûts de production.
2.1.2. La consommation.
- La consommation intermédiaire : elle correspond à la valeur des biens et services marchands consommés ou détruits au cours d’un processus de production. On parle aussi de consommation productive. Il faut noter que la consommation de capital fixe ne fait pas partie de la consommation intermédiaire.
- La consommation finale : c’est la valeur des biens et services servant à la satisfaction directe des besoins de l’homme pris individuellement ou collectivement.
2.1.3. La formation brute de capital fixe (FBCF).
C’est la valeur des biens durables utilisés par les unités de production résidentes pendant une période d’au moins un an dans leur processus de production.
Sont exclus de la FBCF :
- Les biens durables acquis par les administrations militaires qui sont comptabilisées comme consommations intermédiaires ;
- Les biens durables acquis par les ménages qui sont comptabilisés comme consommation finale, à l’exception des logements neufs qui font partie de la FBCF;
- Les acquisitions de terrains ;
- Les actifs incorporels.
Par contre font partie de la FBCF :
- L’acquisition des équipements neufs ou importés
- Les bâtiments et constructions diverses
- Les travaux publics : routes, voiries, ponts, éclairage etc.
- Aménagement et plantation : reboisement, défrichage, canalisations etc.
- Le bétail : il s’agit du bétail nouveau-né ou importé
2.1.4. La variation des stocks.
Les stocks couvrent tous les biens autres que les biens de capital fixe détenus par les unités de production en vue de les utiliser ou de les vendre ultérieurement. La comptabilité nationale n’enregistre que les variations des stocks entre le début et la fin de l’exercice de production.
2.1.5. Les opérations avec l’extérieur.
Ce sont les exportations et les importations de biens et services. Elles sont enregistrées le jour du franchissement des frontières du territoire. Les exportations sont évaluées FOB (free on bord) c’est-à-dire au prix du marché des biens à la frontière marocaine. Les importations sont évaluées CAF (coût, assurance, fret) c’est-à-dire au prix FOB à la frontière du pays exportateur augmenté des frais de transport jusqu’à la frontière du Maroc.
2.2. Les opérations de répartition.
Ce sont les opérations relatives à la répartition de la valeur ajoutée crée entre le travail et le capital, ainsi que les opérations de redistribution des revenus :
- La rémunération des salariés qui comprend les salaires et les traitements bruts et les cotisations à la charge des employeurs ;
- Les impôts liés à la production et à l’importation ;
- Les subventions d’exploitation qui se présentent sous forme de transferts effectués par les administrations publiques aux unités productives pour réduire le prix de leurs produits et améliorer la rémunération de facteurs de production ;
- Les revenus de propriété (intérêts, dividendes, rentes…) ;
- Les opérations d’assurances dommages : ce sont les opérations qui couvrent les risques et comprennent les primes versées par les assurés et les indignités payées par les entreprises d’assurances aux assurés ;
- Les transferts courants sans contrepartie : il s’agit de transferts liés à la coopération internationale et les transferts privés internationaux ;
- Les transferts en capital : les aides à l’investissement, les dommages de guerre ou de calamités naturelles.
2.3. Les opérations financières.
Ce sont les opérations relatives à la création est à la circulation des moyens de paiement :
- Les instruments de paiement (pièces, billets, dépôts à vue) ;
- Les instruments de placement (comptes d’épargne et dépôts à terme) ;
- Des instruments de financement (crédit) ;
- Les réserves techniques d’assurance : ce sont les réserves constituées par les entreprises d’assurances pour faire face au versement des indemnités futures des assurés.
3. L’interdépendance des agents économiques : flux économiques.
Chacun des agents économiques est en relation avec les autres. De fait, un ensemble de relations d’interdépendance s’instaure entre les agents économiques, ce sont des flux. Ces échanges ont lieu sur des marchés dont la qualification dépend de la nature des biens échangés.
Les opérations économiques donnent lieu à deux types de flux :
- Les flux réels ou physiques : ils portent sur l’échange de biens et services (ex: prestation de service, livraison de service, travail effectué…)
- Les flux monétaires ou financiers : ils constituent généralement la contrepartie des flux réels (ex : le paiement de la marchandise livrée)
Section n°2 : Les agrégats économiques.
Les agrégats sont des grandeurs mesurant l’activité économique d’une société. Ils sont obtenus par agrégation d’opérations élémentaires, associées à une fonction économique, réalisées par les divers agents économiques.
1. Le produit intérieur brut.
Le produit intérieur brut (PIB) est l'agrégat qui représente la richesse crée au cours de l'année, autrement dit, il mesure l'apport de l'activité de production à l'économie nationale. Le PIB est la somme des valeurs ajoutées générées par les différents agents économiques et
des droits et taxes à l'importation. Ainsi l'évolution en volume du PIB mesure le niveau de la croissance de l'économie nationale.
Il y a trois façons complémentaires de calculer le P.I.B.
1.1. Optique de la production des unités résidentes.
PIB aux prix du marché = ∑ valeurs ajoutées + impôts sur les produits - subventions sur
les produits
La valeur ajoutée par une entreprise se calcule en soustrayant la totalité des consommations intermédiaires à la valeur de la production vendue. Faire la somme des valeurs ajoutées, c'est ajouter la production réellement réalisée par tous les agents économiques. Cela permet donc de connaître la production totale réalisée dans l'année. Cependant, les valeurs ajoutées sont évaluées aux prix de base, c'est-à-dire sans les impôts sur les produits dont, notamment, la TVA. Les valeurs ajoutées étant calculées hors taxes, il faut ajouter les impôts sur les produits pour avoir le PIB « aux prix du marché ». On soustrait le montant des subventions car ces subventions permettent aux entreprises de diminuer leurs prix.
1.2. Optique de la demande adressée aux unités de production résidentes.
PIB aux prix du marché = Dépenses de consommation finale + FBCF +VS+
Exportations – importations
En effet, la demande provient soit des unités résidentes pour la consommation ou pour l'investissement, soit des unités non-résidentes (cette demande correspond donc à l'exportation qu'il faut ajouter à la demande intérieure). Cependant, une partie de la demande intérieure peut être satisfaite par des unités non-résidentes (il s'agit donc des importations qu'il faut enlever de la richesse créée par les unités résidentes).
1.3. Optique des revenus distribués par les unités de production résidentes.
PIB aux prix du marché = Rémunération des salariés + EBE (et revenus mixtes) +
Impôts (sur la production et les importations) - subventions.
En effet, toute la richesse créée est redistribuée sous forme de revenus primaires (salaires pour les salariés, EBE pour les sociétés, revenus mixtes pour les indépendants) ; la différence entre les impôts sur la production et les importations et les subventions correspond à une sorte de revenu primaire puisqu'elle est prélevée sur la valeur ajoutée créée).
2. Le Produit national brut.
Le PNB est la valeur totale de la production finale de biens et de services des acteurs économiques d'un pays donné au cours d'une année donnée. À la différence du PIB, le PNB inclut les produits nets provenant de l'étranger, c'est-à-dire le revenu sur les investissements
Nets réalisés à l’étranger. Le terme « National » dans « le Produit National Brut » reflète ainsi la prise en compte de la valeur ajoutée produite par les résidents du pays en question (principe de nationale) mais il n'est pas intérieur parce qu'une partie de cette valeur ajoutée est produite à l'étranger (le PIB est lui basé sur le principe de territorialité).
PNB = PIB+ (revenus des facteurs du travail et du capital en provenance de l'extérieur
- revenus des facteurs du capital et du travail versés à l'extérieur).
PNB = PIB + solde extérieur.
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